Mobiliser la diaspora pour l’Algérie

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Wassila. B 

Le ministère de l’Industrie vient de lancer un appel clair et ambitieux : mobiliser toutes les compétences algériennes, qu’elles soient établies dans le pays ou aux quatre coins du monde, pour contribuer au développement de l’industrie mécanique nationale. Plus qu’une campagne de communication, c’est une invitation à construire un pan essentiel de la souveraineté économique : une filière automobile capable de produire localement et de réduire la dépendance aux importations. Les résultats préliminaires parlent d’eux-mêmes. En une semaine, la plateforme numérique mise en place pour recueillir les candidatures a été submergée. Devant cet engouement, le ministère a décidé de prolonger le délai d’inscription jusqu’au 21 août, afin de permettre aux retardataires, de l’intérieur ou de la diaspora, de déposer leur dossier. Cet enthousiasme est un signal fort : il existe, au sein de la communauté algérienne mondiale, un réservoir considérable de savoir-faire, prêt à s’engager pour un projet collectif. Mais si l’appel est encourageant, il ne suffira pas à lui seul. La réussite de cette ambition dépendra de la capacité à transformer l’enthousiasme en résultats tangibles. Mettre en place un Conseil national d’expertise n’est pas un but en soi : il faudra que cette structure dispose de marges d’action réelles, d’un mandat clair et de moyens pour influencer la politique industrielle. Les experts, qu’ils soient ingénieurs, chercheurs, chefs d’entreprises ou techniciens spécialisés, ne viendront pas seulement partager un savoir théorique ; ils devront être intégrés dans un écosystème productif, doté d’un réseau de sous-traitants fiables et d’infrastructures adaptées. L’enjeu est de taille. Le développement d’une industrie automobile nationale ne peut pas se limiter à l’assemblage de véhicules importés en pièces détachées. C’est l’erreur que l’Algérie a connue par le passé, avec des usines qui ressemblaient plus à des ateliers de montage qu’à de véritables sites de production. Aujourd’hui, le défi est d’atteindre un taux d’intégration élevé, en fabriquant localement les pièces, en encourageant la recherche et l’innovation, et en formant une main-d’œuvre qualifiée. La diaspora algérienne possède de précieuses expériences acquises dans les grands pôles industriels du monde : Allemagne, Japon, États-Unis, Corée, France… Ces compétences, associées à celles déjà présentes sur le territoire, pourraient permettre un saut qualitatif. Le gouvernement a créé un cadre attractif, transparent et stable, qui donne confiance aux investisseurs et aux experts. En prolongeant son appel, le ministère montre qu’il a entendu l’écho positif de cette mobilisation. Les talents ne demandent qu’à contribuer, mais ils attendent aussi des résultats concrets, une vision à long terme et une coordination efficace entre l’État, les entreprises publiques et privées, et les centres de formation. L’industrie automobile, avec son vaste réseau de sous-traitance, est un moteur de développement économique et technologique.