R. M
Le nord de l’Europe fait face à une sécheresse d’une ampleur inédite depuis plusieurs décennies, touchant un vaste territoire allant de l’Écosse aux Pays-Bas. Cette situation alarmante, qui perdure depuis plusieurs semaines, fait craindre une baisse significative des rendements agricoles, notamment pour les cultures de blé, de maïs, de colza et d’orge actuellement en cours de semis.
Selon Nicolas Guilpart, maître de conférences en agronomie à AgroParisTech, le déficit hydrique limite fortement la croissance des cultures. Le printemps a été exceptionnellement sec dans cette région du continent, laissant les sols extrêmement secs, voire poussiéreux, et retardant la germination des semis.
Au Royaume-Uni, le printemps 2025 s’annonce comme le plus sec depuis plus d’un siècle et demi. Luke Abblitt, agriculteur dans l’est de l’Angleterre, confie “prier pour que la pluie tombe”, tout en s’adaptant à ces conditions extrêmes en testant de nouvelles variétés plus résistantes. Dans le nord de l’Angleterre, les réservoirs d’eau sont à des niveaux particulièrement bas, selon l’Agence de l’Environnement. Le principal syndicat agricole, la NFU, appelle à des investissements urgents dans des systèmes de stockage d’eau à la ferme, alors que de nombreux agriculteurs ont commencé l’irrigation plus tôt que d’habitude.
Aux Pays-Bas, les précipitations ont atteint un niveau historiquement bas depuis le début des relevés météorologiques en 1906. Le Danemark a connu, lui aussi, un début d’année exceptionnellement sec, avec moins de 63 mm de pluie cumulée entre février et avril. L’institut météorologique danois indique que seulement sept périodes similaires ont été recensées depuis 1874. En outre, l’indice de sécheresse du pays a atteint le niveau maximal de 9 sur 10 dès la mi-mai, un record de précocité depuis la création de cet indicateur en 2005.
En Suède, bien qu’il soit encore trop tôt pour mesurer précisément l’impact sur la saison agricole, la Fédération des agriculteurs recommande déjà de réviser les plans de gestion de l’eau, en prévision d’un été qui pourrait aggraver encore la situation. Les agriculteurs de tout le nord de l’Europe sont désormais contraints d’adapter leurs pratiques pour faire face à une nouvelle réalité climatique, marquée par des hivers plus humides et des printemps de plus en plus secs.