M.B
Le président de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), Pr. Benedict Okey Oramah, a livré, jeudi à Alger, une allocution vibrante lors de la cérémonie d’ouverture de la 4ᵉ édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF). Dans ce qui constitue son dernier discours en tant que président de l’institution, il a dressé un bilan éloquent de l’action menée depuis 2017 et tracé les perspectives d’une Afrique en pleine transformation économique.
Pour Oramah, le continent est engagé dans une nouvelle forme de lutte pour la liberté, non plus armée mais économique. « Une révolution balaye l’Afrique sans effusion de sang ni conflit. Elle est pacifique et bouleversera nos vies », a-t-il déclaré. Selon lui, les nouveaux combattants de cette bataille sont formés dans les écoles techniques et les universités, et leurs armes sont les idées, la technologie, l’innovation et l’investissement.
Il a souligné que cette quête d’émancipation économique exige autant de courage que celle pour l’indépendance politique dans les années 1960. « L’Afrique ne cherche pas l’aide ou les subventions, mais des partenariats fondés sur le respect mutuel, la confiance et une prospérité partagée », a-t-il insisté.
Des succès concrets depuis 2018
Le président d’Afreximbank a illustré cette « révolution silencieuse » par plusieurs réalisations emblématiques issues des précédentes éditions de l’IATF. En Tanzanie, le barrage de Rufiji, d’un montant de 2,9 milliards de dollars, a pu voir le jour grâce à un financement exclusivement africain, après avoir été boudé par les bailleurs internationaux. À Singapour, le Nigérian Ndubisi Arinze Eze, découvert à l’IATF 2018, a bâti une industrie de drones agricoles aujourd’hui exportés vers l’Asie, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Amérique du Sud. Aux Comores, un partenariat conclu à l’IATF 2021 avec le groupe égyptien El-Sewedy a permis de lancer la construction d’un complexe hôtelier cinq étoiles, relançant l’industrie touristique du pays. Et en 2023, un financement de 450 millions de dollars a été accordé à ARISE IIP pour développer des zones industrielles en Afrique de l’Ouest et centrale. La même année, une PME mauritanienne, SAMAPECHE, a pu accroître de 65 % ses exportations grâce à un investissement de 12 millions d’euros conclu lors du salon, a expliqué le président de l’Afreximbank.
Vers une institutionnalisation de l’IATF
Reconnaissant le rôle décisif de nombreux partenaires – de l’Union africaine à la ZLECAf, en passant par les gouvernements hôtes successifs –, Oramah a annoncé une étape majeure : l’institutionnalisation de l’IATF. Harare, au Zimbabwe, a été choisie comme siège du futur organisme indépendant chargé de pérenniser cette foire continentale. Afreximbank a d’ores et déjà approuvé une dotation initiale de 28 millions de dollars pour soutenir son lancement.
À l’heure de transmettre le flambeau, Oramah a exprimé sa reconnaissance aux acteurs qui ont porté le projet, citant notamment l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, président du Conseil consultatif de l’IATF, ainsi que Mme Kanayo Awani, vice-présidente exécutive de la Banque, qualifiée de « pilier » de cette aventure.
« Nous avons bâti une plateforme solide qui peut résister à l’épreuve du temps », a conclu Oramah, rappelant que l’Afrique a désormais les outils et la vision pour transformer ses « damnés de la terre » en acteurs majeurs de l’économie mondiale.