Djamila.M

À l’issue d’un séminaire régional organisé récemment par le bureau d’Oran de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), les acteurs du secteur du transport ont lancé un appel pressant à la publication immédiate du cahier des charges destiné aux transporteurs. Ce document, essentiel pour encadrer légalement les activités des opérateurs, fait défaut depuis plusieurs années, plongeant le secteur dans une situation de désorganisation chronique.

Sous le thème « Système de transport : problèmes et solutions », cette rencontre a réuni transporteurs, représentants syndicaux, autorités locales et experts du domaine, qui ont dressé un état des lieux alarmant du système de transport urbain et semi-urbain à Oran. Dans un contexte de forte croissance urbaine et démographique, les préoccupations sont multiples : dégradation des infrastructures, insuffisance de la couverture des zones périurbaines, absence de contrôle rigoureux et multiplication des plaintes des usagers.

Un cahier des charges indispensable pour rétablir l’ordre

Le président du bureau d’Oran de l’Union générale des commerçants et artisans, Abed Mouâd, a souligné que le cahier des charges constitue la “boussole” indispensable pour garantir aux transporteurs la connaissance précise de leurs droits et obligations. L’absence de cet outil réglementaire est directement à l’origine du chaos et du désordre que connaît le secteur depuis plusieurs années. « Ce retard administratif favorise l’anarchie, affecte la qualité du service et crée un vide réglementaire où certains transporteurs imposent leurs règles au détriment de la loi », a-t-il précisé. Face à cette situation, les participants ont proposé que l’Union prenne en charge la diffusion de ce document, assortie d’une campagne de sensibilisation pour assurer son application effective sur le terrain.

Un appel au wali pour une intervention urgente

Les professionnels ont adressé un appel pressant au wali de la wilaya d’Oran afin d’organiser une conférence régionale extraordinaire réunissant tous les acteurs du secteur : la direction des transports, les forces de sécurité, les élus locaux, les syndicats, les associations et les transporteurs eux-mêmes. L’objectif est d’établir une feuille de route claire et consensuelle pour sortir le secteur de la crise, restaurer la confiance des usagers et garantir un service public efficace, transparent et sécurisé. Ils ont également exprimé leur soutien total aux récentes décisions du président de la République concernant l’acquisition de nouveaux bus et l’importation de pièces détachées, affirmant que ces mesures arrivent à point nommé et doivent être mises en œuvre sur le terrain dans les plus brefs délais.

La numérisation pour plus de transparence et d’efficacité

Parmi les solutions évoquées, la mise en place de systèmes numériques pour la vente électronique des tickets a été fortement recommandée. Ce dispositif permettrait non seulement d’améliorer le confort des usagers, mais aussi d’assurer une meilleure transparence dans la gestion des lignes et une connaissance précise du volume réel de passagers, facilitant ainsi une planification plus adaptée.

L’état dégradé des routes principales et secondaires a fait l’objet d’une vive critique. Leur usure et le manque de maintenance régulière provoquent de fréquentes pannes de véhicules et augmentent considérablement les risques d’accidents. Par ailleurs, plusieurs stations de transport récemment construites n’ont toujours pas été mises en service, sans explication claire, alimentant le mécontentement général des professionnels.

Vers une harmonisation et une modernisation du service

Sur le plan économique, les intervenants appellent à uniformiser les tarifs entre le secteur public et privé et à adopter un modèle d’investissement moderne basé sur la création de complexes urbains de transport composés de bus multipliés, en lieu et place du transport individuel dominé par les petits véhicules. Cette approche, déjà en place dans de nombreux pays développés, permettrait d’organiser efficacement le trafic et d’assurer un service régulier et fiable. Par ailleurs, la formation continue des conducteurs ainsi que des accompagnateurs, notamment en matière de sécurité routière et de qualité du service, est jugée cruciale. L’introduction de contrôles médicaux périodiques viserait à lutter contre les risques liés à la consommation de drogues dans le milieu professionnel, avec pour objectif final la sécurité maximale des passagers.

Intégration du contrôleur et valorisation du métier

Les participants ont également réclamé l’intégration officielle des contrôleurs dans le cadre professionnel, avec un statut clair, des responsabilités définies, une formation adaptée et un uniforme standardisé pour renforcer l’image de professionnalisme et d’ordre dans le secteur.

Enfin, une attention particulière a été portée à la nécessité d’anticiper l’organisation des transports dans les nouveaux quartiers connus pour leur rapide expansion démographique, tels que la zone ADL à Es Sénia, notamment avec le programme AADL 3. Ces zones, qui accueilleront dans les prochaines années des milliers de nouveaux habitants, doivent faire l’objet d’une planification rigoureuse pour éviter la répétition des problèmes d’isolement et d’insuffisance des services constatés dans d’autres quartiers anciens.

Le séminaire s’est en somme révélé être une plateforme essentielle pour exposer les défis du secteur du transport à Oran et proposer des mesures concrètes, en attendant une volonté politique forte et une coordination effective des acteurs. La population attend désormais des actions rapides et efficaces pour un service public de transport à la hauteur des besoins croissants de la ville.