L’Algérie, un hub métallurgique

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Wassila. B 

L’Algérie a toujours nourri l’ambition de valoriser ses immenses richesses minières. Mais ces dernières années, cette ambition prend une tournure plus concrète, en particulier autour du projet de Gara Djebilet, gisement de fer de dimension mondiale situé dans le sud-ouest du pays. La signature à l’occasion de la 4ᵉ Foire commerciale intra-africaine, de huit protocoles d’accord d’une valeur globale de 950 millions de dollars par la Société nationale de sidérurgie (SNS) en est l’illustration la plus récente et la plus parlante. Ces accords, conclus avec des partenaires venus du Sénégal, de Chine et d’ailleurs, ne se limitent pas à de simples opérations commerciales. Ils symbolisent l’entrée de l’Algérie dans une dynamique régionale et internationale où le fer et la sidérurgie deviennent des leviers stratégiques de souveraineté et de développement. Le PDG de la SNS, Adel Khemane, a insisté à juste titre sur l’intérêt croissant des partenaires étrangers pour la qualité de l’industrie nationale. Ce regard nouveau porté sur le « Made in Algeria » reflète un changement de perception qu’il faut consolider. Car la sidérurgie n’est pas seulement une activité industrielle. Elle est un pilier des économies modernes : sans acier, pas d’infrastructures, pas d’urbanisation durable, pas d’industrie automobile ou mécanique performante. L’Algérie l’a compris, et cherche aujourd’hui à transformer l’immense potentiel de Gara Djebilet en véritable moteur de diversification économique. Produire localement, transformer sur place, exporter au lieu d’importer : voilà le chemin tracé. Les exemples des accords signés en marge de l’IATF 2025 en disent long. La filiale FONDAL s’associe à la sénégalaise CFTS pour développer des produits de fonderie, ouvrant la voie à une coopération Sud-Sud concrète, dans l’esprit même de la Zone de libre-échange continentale africaine. De son côté, l’Entreprise nationale de tubes Anabib travaillera avec la société chinoise Habicare pour produire des pièces de rechange et des moules en acier, renforçant ainsi l’intégration locale et réduisant la dépendance aux importations. Ces initiatives répondent à des défis structurels bien connus : créer des emplois directs et indirects, mais aussi rehausser les standards de qualité et d’innovation. L’Algérie ne pourra devenir un hub métallurgique qu’en plaçant l’exigence technologique et la montée en compétence de sa main-d’œuvre au centre de sa stratégie.

Le projet Gara Djebilet, par sa taille et ses perspectives, a valeur de test pour tout un modèle économique. Réussir sa mise en valeur, c’est donner un signal fort : celui d’un pays capable de transformer sa rente minière en puissance industrielle et en influence régionale. L’Algérie dispose d’une carte maîtresse. Si elle parvient à transformer Gara Djebilet en socle d’une sidérurgie moderne, intégrée et compétitive, elle pourra s’imposer non seulement comme un fournisseur de fer, mais comme un acteur incontournable de la chaîne de valeur africaine. C’est à ce prix que l’Algérie deviendra ce qu’elle ambitionne : un hub métallurgique.