Jalil M.
Le phénomène des harragas n’est pas prêt à s’estomper, les tentatives se suivent et se ressemblent.
Les sociologues ont peiné à décortiquer les causes de cette émigration qui ne cesse de perdre de l’ampleur, un point que des mannes financières illicites tournent entre les mains de ces réseaux spécialisés, ayant profité de l’engouement des jeunes Algériens, hommes, femmes, mineurs et même des enfants embarquent dans des «boté» de fortune, en direction des côtes espagnoles.
Des spécialistes tirent la sonnette d’alarme quant à l’augmentation du nombre de tentatives, visant à rallier l’autre côté de la rive de la Méditerranée.
La Fondation Nationale pour la Promotion de la Santé et le Développement de la Recherche (FOREM), dans son dernier rapport, publié en novembre dernier a révélé des chiffres effrayants concernant le déperdition scolaire et le crime qui en résulte pour les enfants englués dans le monde de la criminalité, de la violence physique ou sexuelle, “avec plus d’un million 200.000 enfants, ayant quitté l’école sans avoir atteint l’âge de 16 ans au cours des 05 dernières années seulement.»
De son côté, le professeur Mustapha Khiati, Président de la FOREM, a mis en garde contre la montée de la «harga», face au phénomène de la déperdition scolaire et à ses conséquences, ayant transformé des groupe d’enfants en criminels ou en victimes, à travers leur exploitation hideuse par des réseaux de passeurs.
Dans une déclaration à nos confrères d’Echorouk, M. Khiati a déclaré que, selon les chiffres communiqués par le ministère de l’Éducation et par le système judiciaire à la FOREM, on compte 1.2 million d’enfants de moins de 16 ans voués à la rue et à la délinquance, dont 18.000 au cours des 05 dernières années. Et d’ajouter : «L’Administration pénitentiaire du ministère de la Justice enregistre une augmentation régulière du nombre d’enfants impliqués dans des infractions mineures telles que le vol, l’agression, les coups et blessures et les insultes envers autrui.»
Dans le même sillage, M. Khiati a appelé à prendre des mesures urgentes, pour lutter contre le phénomène de la violence à l’encontre des enfants, qui a pris une tournure importante et qui révèle l’enregistrement de plus de 60. 000 cas par an.
Ce chiffre ne reflète pas toute la réalité, car il est délivré par des organismes officiels. En fait, ils sont 04 fois plus, soit près d’un demi-million d’enfants qui sont exposés à la violence chaque année. Il rappelle que l’enfant est le : «maillon faible» de la société et qu’il reste exposé à beaucoup de risques, notamment à la consommation de drogues, «une situation, signale-t-il, que nous avons dénoncée depuis une quinzaine d’années.»
Il observe à ce propos que l’application du 3ème plan quatriennal de lutte contre ce phénomène : «se fait toujours attendre.» Face, par ailleurs, aux risques que font courir les narcotiques à la population juvénile en particulier, l’intervenant estime qu’il faut toujours «maximiser» ces derniers : en prévoyant que « le pire peut survenir.»
Des dangers potentiels que peut d’autre part, représenter l’usage déviant des réseaux sociaux par les jeunes, le président de la FOREM constate que la cybercriminalité prend de l’ampleur, une situation qu’il explique par l’oisiveté d’un grand nombre de membres de la population juvénile, résultat notamment de la déperdition de l’école, dont il précise qu’elle met à la rue quelque 200.000 enfants, chaque année. Par ailleurs, le Président de la “FOREM” a en outre mis en garde contre le phénomène de la “Harga” (l’émigration clandestine), qui s’est propagé au cours des quelques mois, où les services des Gardes-côtes ont sauvé des dizaines de mineurs qui ont tenté de passer de l’autre rive de la Méditerranée, après avoir été “soumis à un lavage de cerveau par des groupes mafieux”, dira-t-il. Il a expliqué dans sa déclaration que ce phénomène qui s’est emparé des jeunes Algériens trouve sa source dans «la mal-vie des jeunes, les mauvaises conditions de vie des gens, avec des horizons bouchés.»
«Ce qui donne fatalement plus de crédit et d’emprise sur eux par les réseaux sociaux, alors que l’Internet exacerbe ces mauvaises conditions de vie et présente la vie à l’étranger sous les meilleurs auspices,» ajoute le Pr Khiati, selon lequel «c’est ce qui pousse les jeunes à tenter d’émigrer illégalement.»
07% de migrants dénombrés en Espagne sont des Algériens
Dans le même cadre, environ 4.000 migrants algériens auraient rejoint l’Espagne par voie maritime, ou par voie terrestre, notamment par les enclaves de Ceuta et Melilla. C’est ce qu’a révélé un nouveau document établi par le Haut Commissariat des Nations- Unies pour les Réfugiés (HCR).
A ce sujet, le document établi par le HCR, en collaboration avec des organismes gouvernementaux espagnols et des organisations et associations non-gouvernementales a fait état de 3 955 harragas algériens qui ont rallié le Royaume entre janvier et le 31 octobre 2018, contre 3.729 à la même période de 2017. Selon la même source, les migrants algériens qui sont arrivés en Espagne représentent 7% de la population des migrants, ayant rallié ce pays européen pendant cette période, soit 53 000.
En effet, les ressortissants algériens représentent la 5ème nationalité des migrants qui sont arrivés sur les côtes ibériques, dont les Marocains sont en tête (11.446 migrants), suivis des Guinéens (11.150), des Maliens (8. 465) et Ivoiriens (4. 497). A ces migrants, s’ajoutent plus de 1. 000 autres qui ont rejoint les côtes italiennes depuis Annaba, El Tarf en passant par la Sardaigne, selon des statistiques officielles de l’agence Frontex et des autorités italiennes.

















